L'inquiétude monte chez les parents d'élèves et les syndicats de l'Education nationale à cause de la mise en œuvre de la politique de manuels numériques dans les lycées d'Ile-de-France.
En avril dernier, nous avons appris dans la presse que Valérie Pécresse lançait un dispositif de « gratuité des manuels numériques » pour la rentrée prochaine. Depuis, les élus du Groupe Ensemble, l’Île-de-France ont émis de fortes inquiétudes concernant la mise en œuvre de la réforme qui nous a été dévoilée. Nous avons été largement rejoints, dans nos positions, par des parents d’élèves et des syndicats de l’Éducation nationale.
Sans contester le bien-fondé d’une démarche qui peut avoir un impact éducatif positif et aider à réduire la fracture numérique pour les familles les plus modestes, la grande légèreté avec laquelle la majorité régionale souhaite procéder nous interpelle.
La droite a voulu aller vite, bien trop vite
Nous regrettons tout d’abord le manque de concertation avec les acteurs sur le terrain et la précipitation avec laquelle cette mesure a été appliquée. Il nous semble anormal que les chefs d’établissements n’aient pu avoir qu’un mois de délai entre la demande officielle et la réponse pour réunir les équipes, prévenir les parents d’élèves et faire un choix matériel et pédagogique important qui engage les établissements sur plusieurs années.
Ces dernières semaines, des parents et des professeurs nous indiquaient qu’ils n’étaient d’ailleurs toujours pas au courant de la mise en place de ce dispositif. La majorité a voulu aller vite, bien trop vite, pour afficher un taux de 50% de lycées numériques dès la rentrée 2019-2020, sans prendre le temps de la réflexion, sur la bonne méthode de déploiement et d’accompagnement de la mesure, sur les usages pédagogiques possibles ou encore sur la question de la surexposition aux écrans.
Un manque de moyens
Au-delà de ce grave problème de méthode, nous sommes inquiets des conséquences matérielles de ce dispositif. Les conditions d’un déploiement rapide et efficace des appareils pour plus de 200 000 lycéennes et lycéens dès la rentrée ne nous semblent pas assurées. La majorité a refusé notre demande d’augmenter significativement les moyens du pôle Lycées de la Région pour assurer la maintenance et l’entretien des appareils et nous craignons que les professeurs et les familles n’aient pas d’interlocuteur rapide en cas de problème.
Dans nombre de lycées, l’équipement en prises électriques est insuffisant tandis que le WiFi se fait toujours attendre. Ajoutons qu’au même moment, les délais de travaux s’allongent et que les situations urgentes ne sont pas réglées. De la même manière, il nous semble qu’il aurait fallu aborder les questions de sécurité liées à la circulation de très nombreux élèves portant des appareils électroniques onéreux dans leur sac. Cela n’a pas été le cas.
Nous pensons également qu’il est très cavalier de mettre en place ce dispositif à marche forcée, alors que les équipes éducatives doivent parallèlement s’atteler à la mise en place d’une réforme éducative lourde et dont nous déplorons d’ailleurs les effets inégalitaires.
Enfin, nous tenons à signaler que ce nouveau dispositif pourrait coûter à terme près de 100M€ par an pour la Région, alors même que la dotation de fonctionnement que la Région verse aux établissements a diminué depuis 2016 de 20€ par an et par élève en moyenne, que des d’établissements voient leurs travaux retardés et que le nombre d’agents régionaux diminue chaque année, malgré les besoins. Tout ceci aurait mérité un débat au sein du Conseil régional et avec les équipes éducatives, pour fixer les priorités pour nos établissements, en amont de cette réforme.
Nous avons, aux côtés de syndicats et de parents d’élèves, qui nous ont contactés, souligné tous ces problèmes à la majorité régionale qui n’a malheureusement pas voulu revoir sa copie.
(Groupe socialiste, écologiste, progressiste "ensemble, l'Ile-de-France")